« J’ai pensé souvent à ce musicien qui, après quelques oeuvres de grande beauté, ne trouva plus rien de
bon ; sans doute mit-il tout son génie à se condamner; il mourut fou. Peut-être est-il sage de prendre un
peu de vanité, mais sans s’y donner, comme on prend le soleil à sa porte. »
< p.1200 >
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ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard
1960
« Nul ne se choisit lui-même. Nul n’a choisi non plus ses parents ; mais la sagesse commune dit bien qu’il
faut aimer ses parents. Par le même chemin je dirais bien qu’il faut s’aimer soi-même, chose difficile et
belle. En ceux que l’on dit égoïstes je n’ai jamais remarqué qu’ils fussent contents d’eux-mêmes ; mais
plutôt ils font sommation aux autres de les rendre contents d’eux-mêmes. Faites attention que, sous le gouvernement
égoïste, ce sont toujours les passions tristes qui gouvernent. Pensez ici à un grand qui s’ennuie.
Mais quelle vertu, en revanche, en ceux qui se plaisent avec eux-mêmes ! Ils réchauffent le monde humain
autour d’eux. Comme le beau feu ; il brûlerait aussi bien seul, mais on s’y chauffe. »
< p.279 >
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ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« On ne peut pas dire que l’envieux s’aime lui-même ; au contraire, il est triste en face de lui-même ;
il voudrait être autre. Ambition exactement vaine, c’est-à-dire sans substance, sans pouvoir, sans espoir.
Aussi l’envie est peut-être un désespoir. Car vais-je envier une facilité de mon voisin qui le fait avancer
dans les mathématiques? Envier cela, qui est de lui, non de moi? Qu’en ferais-je? Toute ma mathématique
à moi, il faut qu’elle sorte de moi, que je la tire de moi. Je n’ai jamais à moi que ce que je développe de
moi. Ce genre de courage et ce genre d’expérience est le véritable amour de soi. »
< juillet 1930 p.951 >
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Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le grand art est de savoir parler de soi sur un ton impersonnel. (Le secret des moralistes). »
< p.131 >
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« Le mégalomane est un homme qui dit tout haut ce que chacun pense de soi tout bas. »
< 18 octobre 1966 p.425 >
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